mercredi 24 octobre 2007

Guatemala vers quel espoir?

Le Guatemala à la mort dans l'âme. Quel changement serait possible?

Le pays brille de toutes couleurs vives, affiche des sourires étincelants à chaque rencontre, est parsemé de projets revendicateurs d'un monde meilleur, et pourtant... je suis marquée par des impressions d'un labyrinthe aux milles problèmes entremêlés, démunie à l'idée du futur des citoyens chapines (guatémaltèques).

GÉNOCIDE...

La dictature s'est transformée en guerre civile puis en génocide de son peuple indigène entre 1981 et 83. Les autorités voulaient annuler les ethnies mayas et a commis tortures, violes, crimes,... contre son propre peule... 200 000 morts. Dans la petite ville de Rabinal, un cinquième de la population a disparu : 5000 personnes.

Il était fréquent que la police débarque dans un village, enferme enfants, jeunes, vieux, femmes, hommes et mettent le feu. leur but? Provoquer la terreur afin que les personnes passent leur énergie à se défendre plutôt qu'à revendiquer leurs droits. Pendant ce temps, les autorités négocient des affaires et s'en mettent plein les poches... corruption criminelle.

En 1996, un Accord de Paix signe le début de la tranquilité. Cela dure quelques années. Le peuple se relève péniblement. Mais déjà reviennent les mêmes mécanismes : les criminels de guerre en liberté utilise la terreur pour garder leur impunité.

Depuis 2 ans, la situation est considérée comme sans espoir. La société civile est réduite au silence. Les associations qui dénoncent les mauvais traitements sont menacées de morts. Dans les écoles, les autorités imposent les matières, font oublier le génocide et réduisent la réflexion des jeunes à néant.

En me rendant dans une école secondaire, je tente d'aborder avec les jeunes l'importance de la paix au Guatemala. Ils restent muets. Pourtant, ils travaillent sur une pièce de théâtre sur "la discrimination et le rôle de la paix". On enseigne ce qui arrange les pouvoirs publics et des thèmes restent tabous de génération en génération. Dans ce contexte, les jeunes ne peuvent pas adopter un regard critique pour comprendre leur pays.

À Rabinal, petite ville Achi (ethnie maya) au creux des montagnes, au nord-est de Guatemala City, cette semaine est rythmée par les exhumations, les veillées de prière et les inhumations. Depuis 10 ans, le Guate creuse ses terres pour tenter de retrouver ses morts jetés dans des fosses collectives par les criminels du génocide. Une fois les ossements détectés, ils sont envoyés à la capitale. La procédure judiciaire légale impose de lourdes démarches pour reconnaître que les personnes ont été massacrées par le génocide.

PÉDAGOGIE POPULAIRE

Pour proposer des solutions concrètes à la construction du pays, l'association EPRODEP a créé une école dans la ville de Ciudad Quetzal, une banlieue de la capitale marginalisée et considérée comme très dangereuse. Cette école a la particularité de fonctionner en pédagogie active et participative, et d'évoluer en fonction des propositions de ses habitants. Dans un contexte où de nombreux jeunes de la ville font partie de pandillas (groupes qui commenttent des vols, raptes, viols, crimes...), EPRODEP a élaboré un programme de cours avec eux. Pour répondre à leurs difficultés à trouver un travail, des ateliers pratiques d'apprentissage d'un métier sont proposés les après-midis après les cours théoriques du matin: cuisine, menuiserie, médecine naturelle, ...

Durant leur cursus, les étudiants sont amenés à réfléchir à la situation politique qui les entoure. À Ciudad Quetzal, des jeunes sont tués chaque jour. L'école a connu la mort de 12 jeunes en 2 ans... EPRODEP pense qu'il s'agit de crimes organisés, au-delà des pandillas. Les pouvoirs publics et la police utilisent aujourd'hui les jeunes pour faire règner la terreur. Ainsi les personnes passent leur énergie à se défendre plutôt qu'à revendiquer leurs droits... le cycle infernal recommence...

Chaque jour, les promoteurs des droits, les éducteurs populaires, les défenseurs de justice sociale risquent leur vie pour tenter de conscientiser des enfants, des jeunes, des femmes, des hommes.

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