lundi 17 septembre 2007

Entre deux eaux!

Panamá, territoire stratégique. Ce petit pays peuplé de 3 millions d'habitants, relie l'Amérique du Sud à l'Amérique Centrale mais pas seulement! Il est aussi la porte d'entrée pour traverser notre planète d'est en ouest. En effet, le Canal de Panamá permet de naviguer de l'Océan Pacifique a l'Altlantique, sans passer par la Terre de Feu : magie!

Oui, cette « magie » s'est attirée des personnes du monde entier qui sont venues prêtés mains fortes pour collaborer à la construction de ce monstre entre 1907 et 1914. La population panaméenne, métissée de personnes d'origine indigène, espagnole, africaine, arabe, chinoise, indienne, juive..., explose de couleurs culturelles. Aujourd'hui, ce lieu de transition et d'attraction économique continue d'aspirer les intérêts de capitaux.

Panamá, pays d'Amérique. Mais quelle Amérique? La monnaie est le dollar. Panama est passée d'une colonisation espagnole formelle à une autre tacite : étasunienne. Le Canal, appartenant aux États-Unis, génère des flux économiques énormes auxquels le propre pays n'a pas accès. En 1989, sous prétexte de sauver le pays d'une dictature sauvage menée par Norriega depuis 1984, les États-Unis d'Amérique envahissent le pays (Ça ne vous rappelle rien?). Ce même Norriega, quelques années auparavant, avait été formé par son Grand Frère et faisait partie de la CIA (les mauvaises langues affirment qu'il a été entrainé en même temps que Ben Laden)...

Depuis lors, la majeure partie des secteurs publics ont été privatisés. Aujourd'hui, 70% des citoyens panaméens bénéficient d'un service public : l'eau potable, accessible dans un grand nombre de villes. Même une gringa comme moi ne risque pas la tourista! Malheureusement, Colón, ville au bord du Canal peuplée majoritairement par des Noirs, n'y a pas accès. Cette ville possède pourtant une zone de libre-échange où transite chaque jour des milliers de dollars.

Malheureusement, le peuple panaméen ne s'est jamais beaucoup senti concerné par son destin. Depuis toujours manipulé, il a peu conscience de son pouvoir d'action pour changer sa société. Il existe peu d'espace de participation pour exprimer son vécu, son opinion, sa volonté de changer les choses. Ici règne le : « Laisser faire, laisser passer! » Nombreux des citoyens ont comme modèle la culture Fast-Food. Les États-Unis sont perçu comme des sauveurs. L'individualisme est vécu comme une mode. Dans ce Paradis Fiscal, plutôt que de consommer les papayes juteuses, les ananas savoureux ou les cocos aux goûts de soleil, on préfère acheter des pommes et des raisins made in California.

Un Référendum vient d'être approuvé par les citoyens pour agrandir le Canal afin de générer encore plus de flux de capitaux. Cela génèrera de l'emploi, dit-on. Oui, durant 5-6 ans. Mais après? Panama est dans une phase d'hyper-développement : la capitale construit partout des édifices d'une soixantaine d'étages. Le trafic insupportable transforme la ville de Panama en autoroute géante. jusqu'à quand Panama, en recherche d'identité, restera-t-il entre deux eaux?

Encuentros en Panama City

Tuve la suerte de ser acogida por el CEAAL y el CEASPA. Me apoyaron bastante facilitándome los contactos y la logística.

El CEAAL (CONSEJO DE EDUCACIÓN DE ADULTOS DE AMÉRICA LATINA) es una red de organizaciones no gubernamentales con presencia en 21 países de América Latina y El Caribe, que desde la corriente de la educación popular trabaja a favor de la transformación democrática de las sociedades, la conquista de la paz y los derechos humanos. La sede, que cambia cada 4 años, está ahora en Panamá. Hace 3 años, conocí la sede previa que estaba en la ciudad de Mexico. http://www.ceaal.org/

El CEASPA (Centro de Estudios y Acción Social Panameño) es una organización civil fundada en el año de 1977 que orienta su acción hacia las/os pobres y excluidos de Panamá y la región; en la justicia social y la participación de las personas en la construcción de una sociedad mejor. Labora intensamente a través de dos vertientes, la investigación - acción y la educación popular. Los 3 ejes del CEASPA son :- Impulsar y apoyar propuestas nacionales que aporten equidad al crecimiento económico, participación a la democracia y sostenibilidad ambiental al desarrollo.- Colaborar en el esfuerzo de organización, participación y gestión ciudadana, priorizando los sectores marginados y excluidos en favor de la mejora de su calidad de vida.- Apoyar la formación de una moderna ciudadanía, dotada de una democrática, de responsabilidad ciudadana y de capacidad de acción para transformar positivamente la realidad.http://www.ceaspa.org.pa/

ALMANAQUE AZUL es una pagina web creada por jóvenes panameños convencidos que es importante actuar para conservar el medio ambiente de nuestro planeta. ALMANAQUE AZUL es una guía para fomentar el turismo sostenible en las playas y costas de Panamá. Explican que las playas son y deben seguir siendo de uso público y que el turismo debe beneficiar antes de todo a las comunidades locales. La guía existirá en el futuro como un libro impreso que se puede llevar encima y consultar en cualquier lugar. Los jóvenes crearon la página para proponer un espacio de participación ciudadana porque, dicen, es lo que falta en Panama. La gente local participa mucho escribiendo sus historias y consejos. ¿Ganas de playa en Panamá? Adelante pero comportate como un-a turista responsable : http://www.almanaqueazul.org/



Dans la Province de Veraguas, près de Santiago...

Le CEPAS est une ONG de la province de Veraguas, dans l'intérieur du pays, où j'ai eu la chance de me rendre en accompagnant Dilcia qui rendait visite à sa famille comme chaque w-end. Dilcia travaille pour le CEASPA à Panama City tandis que ses filles María (18ans) et Estefania (10ans) vivent à la campagne. Pour payer leurs études, Dilcia n'a d'autres choix que de venir travailler à la ville...

Le CEPAS, en plus de sensibiliser des communautés indigènes à leurs droits, à la santé et à l'amélioration de la production agricole; réalise des émissions radiophoniques éducatives. Les thèmes abordés touchent le quotidien des communautés, comme par exemple : "Comment les politiques néo-libérales affectent les femmes rurales?", ou "Pourquoi l'eau est-elle un bien commun de l'humanité?", ou encore "La communauté est-elle responsable de son propre développement?"
La rencontre avec Mélissa, animatrice radio, a été étonnante dans la mesure où celle-ci est le fruit de la sensibilisation du CEPAS. Il y a une dizaine d'année, Mélissa travaillait dur dans sa communauté. Violentée par son mari, elle a pris conscience de son pouvoir d'agir sur sa vie et sur son auto-estime, grâce aux ateliers de sensibilisation du CEPAS. Aujourd'hui Mélissa rempli pleinement son rôle au sein de l'ONG et pense que le développement d'une société solidaire commence par l'amour de soi.

Colón, province afro-panaméenne

Le contexte de Colón est très particulier. Ville construite en même temps que le Canal, habitée par les personnes venues d'ailleurs pour prêter mains fortes, cette ville est aujourd'hui principalement peuplée d'Afro-caribéens (Jamaïque, République Dominicaine) et de Chinois. Très pauvre, Colón à la mauvaise réputation d'être fréquentée par des délinquants.

Comme toujours dans les endroits marginaux, la créativité est très présente car vitale pour trouver des solutions dans n'importe quelle situation.

UTEACO (Unión de Teatro popular Colonense) est une association crée par Anselmo et Dagoberto, respectivement d'origine africaine et chinoise, qui promeut le théâtre populaire comme moyen d'expression pour évacuer les tensions et de sensibilisation. Ils travaillent avec des jeunes (18-25 ans) qui donnent de leur temps pour créer une pièce de théâtre afin de sensibiliser les habitants de la ville. Un autre projet : Alegria de la calle invite les enfants et leurs parents à de petites animations de théâtre dans la rue, animée par des jeunes volontaires. Ceux-ci suivent des journées de réflexion avec UTEACO afin de prendre conscience de valeurs citoyennes.

MUCEC, association de femmes créée il y a 20 ans, propose des ateliers d'artisanats du pays : couture, broderie, montage floraux, danse congo (afro-panaméenne); ainsi que des cours d'informatique.Tout en apprenant les traditions et l'art panaméen, les femmes réalisent des oeuvrent qu'elles vendent ensuite sur les marchés. Leurs témoignages sont étonnants, ils montrent à quel point MUCEC accompagne ces femmes dans leur développement personnel et vers un mieux-être familial en abordant fréquemment des thèmes en lien avec l'éducation, la santé, la sexualité... qui mènent bien sûr au final à un mieux-être sociétal!

À une heure environ de Colón, au creux de vallées luxuriantes de végétation se trouve six Communautés de Colón. Ses habitants, en majeure partie de descendances africaines, ont réalisé avec le soutien de l'ONG d'éducation populaire le CEASPA, des peintures murales sur des thèmes liés au respect de l'environnement. Le milieu qui les entoure est en effet propice à la réflexion puisqu'ils vivent entre d'une part le Parc naturel San Lorenzo (présence de centaines d'oiseaux différents) où passent de nombreux touristes, et d'autres part des champs remplis de mines anti-personnels, cadavres laissés par les États-Unis il y a quelques années.

Après s'être formé à l'art de la peinture et avoir réfléchi à la préservation de leur paradis naturel et au tourisme durable et solidaire, une vingtaine de jeunes des 6 communautés proposent des ateliers de peinture dans les écoles. Ils amorcent ainsi une réflexion sur l'écologie en impliquant enfants, professeurs, parents et pouvoirs publics. Pour de nombreux d'entre-eux (aussi bien les promoteurs que leurs publics), la peinture a été un élément déclencheur vers une prise de conscience. Cet art est devenu une passion qui a ouvert la porte de la créativité qui se trouve en chacun d'entre nous. Les 6 communautés sont aujourd'hui sensibles et impliquées dans l'avenir de la région.

L'une d'elle, la Communauté d'Achiote, a construit des sentiers touristiques et certains se sont formés comme guide pour un tourisme durable et solidaire. Le 26 et 27 octobre 2007, cette communauté organisera un Festival de sensibilisation à l'environnement pour les enfants et leurs parents , profitant aussi de cet événement pour vendre leurs artisanats.

Ecuador, Quito, le retour!

Lorsque j'ai quitté Quito il y a 7 ans, c'était en période de dollarisation. Les Équatoriens vivaient une crise économique, entre le Sucre (monnaie locale) et le Dollar. La violence régnait forcément dans les rues. Aujourd'hui, ils se nomment les Gringo's latinos! L'Équateur a été racheté. Les prix ont férocement augmenté. Les injustices sont encore plus écœurantes. Les clivages entre pauvres et riches sont d'autant plus marqués.

Pourtant, Quito a l'air moins déstructuré qu'il y a 7 ans. Mais comme souvent, le Maire en place, pour s'attirer des voix, dépense l'argent des citoyens dans l'immobilier, la restauration, l'apparence. Cette fois, il est plus agréable de se balader dans la ville, impression que la délinquance a diminué. Effet d'optique?

Je me suis mise en quête de l'ONG qui m'avait accueillie dans le cadre d'un chantier avec Quinoa (http://www.quinoa.be/) : el Proyecto Salesiano. L'ONG soutient des enfants travailleurs dans leur quotidien et fait le lien entre famille, école et la rue. Aujourd'hui, les éducateurs expliquent que les enfants se projettent plus qu'il y a 7 ans. Grâce à des activités créatives comme le théâtre et le cirque, le Projet Salésien réfléchi avec eux sur l'importance de se connaître soi-même pour définir ses projets de vie et mettre ainsi toute sa volonté pour réaliser ses rêves. El Proyecto Salésiano, composé de 6 éducateurs et de centaines d'enfants des rues, promeut l'éducation comme la clé du changement.

mardi 4 septembre 2007

Riobamba : entre musique, radio et communautés

Le CEAS (Centro de Estudios y de Acción Social), ONG de sensibilisation à la reforestation, à l'hygiène et à la santé, valorise aussi les échanges interculturels entre des communautés indigènes et des jeunes européens. Avec les communautés, le CEAS utilise des méthodes participatives pour une prise de conscience sur l'importance de la reforestation. Leur splendide vivier forestier est unique dans la région. Depuis 17 ans, le CEAS travaille avec l'ONG QUINOA de Bruxelles pour organiser des échanges. Pour plus d'info en francais :
Le CEAS m'a réservé un accueil chaleureux et a facilité les contacts avec d'autres associations. Dans le cadre de Estrella del Sur, en plus du manuel pédagogique à destination des professeurs d'español, nous réaliserons un reportage radiofonique que QUINOA (ou d'autres institutions) pourra utiliser pour donner l'envie à des jeunes de participer à de tels projets. Afin qu'ils en retiennent des expériences de participation citoyenne en Amérique Latine où des gens de la base s'organisent pour changer leur réalité sociale, nous réaliserons ce documentaire sonore plein de couleurs, d'ambiances et d'accents différents, tout en donnant la parole aux personnes que nous rencontrons au fil du voyage.

La radio Voz del pueblo de Guamote et Radiofónica, toutes deux bilingues (quechua et espagnol), déploient leurs ondes sur 100km à la ronde. L'audit est principalement composé d'indigènes qui vivent dans les montagnes. L'une comme l'autre propose des émissions éducative : santé, droits (enfants, femmes), environnement, création de micro-entreprises, ... et donnent des conseils en terme d'agriculture. La Radiofónica s'appelle aussi ERPE (Escuelas Radiofonicas populares del Ecuador) car elle se définit comme une radio participative car, en plus d'être animée par des indigènes qui parlent directement de leur quotidien, elle forme des personnes aux moyens de communication et à la culture organique afin d'améliorer la production agricole.

Enfin, la cerise sur le gâteau : une rencontre festive du groupe de musique andin Suyana (en quechua : Esperanza en espagnol), composé de 6 jeunes hommes entre 17 et 27 ans. Ils chantent leur désir d'agir pour un monde plus solidaire. Ils expliquent que nous pouvons tous réaliser nos rêves. Le leur : participer à des festivals de musique andine en Bolivie, en Colombie ou au Pérou.
A vous de rêver!

De l'humanitaire au populaire, un cocktel étonnant!

CEPRODA Minga (Centre de Promoción y Desarollo Andino) est une ONG d'aide humanitaire de Piura, au nord du Pérou. Dans la région, le phénomène du Niño frappe régulièrement. Il inonde et dévastent villes et communautés qui se retrouvent sans toit. Rosa Rivero nous explique qu'auparavant, el Niño revenait à intervalle régulier. Depuis quelques années, les changements climatiques provoquent des répercussions dramatiques, entre-autre le retour du Niño de plus en plus fréquent.

L'ONG se destine a prévenir des catastrophes. En effet, elle cherche avec les communautés, des solutions d'urgence que celles-ci pourront utiliser lorsque el Niño se profile. Grâce a des méthodes d'éducation populaire (pour une meilleure compréhension de ce terme : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ducation_populaire... bien qu'il manque une dimension politique dans cette définition. Voir aussi http://cidcspes.free.fr/p441.html) , CEPRODA Minga propose aux communautés des jeux de rôles, des mises en situation et autres outils participatifs pour réfléchir ensemble, et trouver des solutions concrètes, adaptées à leur quotidien.

Nous avons été étonné par ces méthodes préventives qui mêlent aide humanitaire et éducation populaire. Souvent, les aides interviennent malheureusement après le cauchemar, alors qu'en soutenant les personnes en situation de risque comme le fait cette ONG, un grand nombre de vie est épargné. Une question persiste : Jusqu'à quand continuera-t-on à nommer ces catastrophes comme étant "naturelles"?
http://www.piurarural.org/instituciones/ceproda.htm