samedi 18 août 2007

El Chibolito sur des airs de musique... PERÚ


En passant par hasard dans une rue de Cajamarca, nous sommes interpellés par le nom d'un bar : "Usha-Usha". Nous jetons un oeil et découvrons une peña (soirée musicale où des musiciens jouent à tour de rôle et de manière improvisée) où nous faisons la connaissance d'un groupe de cinq jeunes garçons (entre 13 et 18 ans), musiciens talentueux d'instruments traditionnels andins. Tous jouent dans la rue pour gagner leur vie et deux d'entre eux vivent au Chibolito (maison d'accueil qui les accompagne au quotidien dans leur travail et leur propose différents ateliers pour les amener à exprimer leurs émotions (théâtre, musique, peinture, ...) Depuis quelques mois, les cinq jeunes ont été repérés et sont invités prochainement à participer à un concert, entourés d'autres grands musiciens de la ville.

jeudi 16 août 2007

L'art et la transformation sociale

La Ville Blanche au coucher du soleilAprès un court séjour dans la dénommée ville blanche d'Arequipa, entièrement construite avec des pierres provenant d'éruptions des volcans qui l'entourent, nous nous rendons dans la capitale qu'est Lima. Des restes Pré-Inca à San Isidro (quartier de Lima)

GENERARTE, (en espagnol : régénère-toi, combiné du jeu de mot "crée en t'aidant de l'art"), est une jeune association qui promeut la participation des enfants d'un pueblo joven (bidonville) à des ateliers créatifs. Depuis 2004, ils sont invités à suivre des professionnels de la danse, de la musique et du théâtre. Ces activités les ont amené à créer plusieurs spectacles. Aujourd'hui certains d'entre eux vont en présenter un dans la grande salle culturelle : el Centro cultural de la Universidad Católica de Lima. Grâce à ce travail, les enfants se découvrent des talents qui les aident à se structurer. Ils développent la confiance en eux, ce qui ouvre la porte à la créativité et les amène à se sentir capable d'agir pour eux-mêmes et à se responsabiliser. Ils respectent aussi de petites règles de participation aux ateliers comme la ponctualité, la rigueur et la persévérance nécessaire à un tel travail. Vous trouverez prochainement un article complet sur le site d'Annoncer la Couleur: http://www.annoncerlacouleur.be/
Le site web de l'association : http://generarte-puckllay.blogspot.com/

Tout comme pour GENERARTE, nous avons rencontré la coordinatrice de La Tarumba. Ces deux associations font partie de la Red Latinoamericana del Arte para la Transformación Social*. La Tarumba s'adresse à un public large: autant à des enfants et adolescents de familles aisés qu'à d'autres de milieux modestes. Son objectif est de créer, à travers les différentes disciplines du cirque, un centre où les jeunes découvrent leur propre corps et ses potentialités et où ils s'acceptent les uns les autres pour créer des liens entre les différentes classes sociales. Le cirque, en plus de leur donner des leçons de vie, leur fait prendre conscience de leur pouvoir d'action et de changement. Nous avons rencontré des jeunes qui, grâce au cirque, trouvent leur voie et une porte de sortie à leur situation précaire. Ils se sont découverts des talents extraordinaires comme jongleur, funambule, acrobate, ... Nous avons eu la chance d'assister à un de leur spectacle : c'était très impressionnant! Plus d'infos sur http://www.latarumba.com/

Tarea est une association de publications éducatives qui, entre autres missions, accompagne des jeunes de communautés d'Ayacucho à la création d'une émission radio. Les jeunes de cette ville s'organisent entre eux depuis plusieurs années pour réaliser des changements concrets au sein de leur société et de leur communauté. Tarea est une association spécialisée en éducation populaire qui fait partie de la Red Educativa Regional et du Comité por el Desarrollo de la Educación Intercultural Bilingüe (Réseau Educatif Régional et Comité pour le Développement de l'Education Interculturelle Bilingue) . Plus d'infos sur http://www.tarea.org.pe/

Ces trois associations nous ont beaucoup marqué. Nous souhaitons garder contact et rêvons déjà de projets futurs de collaboration.

*Réseau d'associations latino-américaines qui utilisent l'art pour la transformation sociale. Cinq pays en font partie: Argentine, Bolivie, Pérou, Chili et Brésil. Elles promeuvent la créativité comme moteur de changements sociaux. En Argentine, nous avons participé à une journée de sensibilisation organisée par Crear Vale La Pena. Cette association emploie des moyens d'expression comme la danse et le théâtre. Elle forme également des futurs animateurs. Vous trouverez plus d'information de ce réseau sur : http://www.artetransformador.blogspot.com

Des projets à la recherche d'identité(s)

À Cuzco, nous avons été surpris par le nombre de projets socio-culturels qui accompagnent tous types de publics (enfants, jeunes, femmes, hommes). Ceux-ci abordent la réalité cuzqueña et péruvienne à travers différents outils et méthodes de travail, tout en cherchant à faire émerger une identité qui parfois peut-être plurielle dans ce contexte culturel aux milles facettes. Dans cette grande diversité nous en avons retenus trois.

Teo Chambi, petit-fils du grand photographe péruvien Martin Chambi, désire mettre en avant l'oeuvre gigantesque de son grand-père (1891-1973). Celui-ci invitait des personnes dans son studio pour venir témoigner de la réalité de cette partie des Andes. Dans cet atelier, il accueillait des mendiants, des vendeurs de la rue, des paysans, des bourgeois, des travaileurs, etc. Martin Chambi attachait une grande importance au respect de personnes souvent dédaignées par la société. Il mettait en valeur leur image en leur rendant toute leur dignité. Aujourd'hui, Teo, lui aussi photographe, tente de rassembler les innombrables pélicules de Martin Chambi afin de créer un musée-espace culturel à Cuzco, accessible gratuitement aux professionnels et à tous les amateurs de son oeuvre. Pour pousuivre ce même objectif, il voudrait ensuite placer les photographies sur Internet. Nous avons été marqué par l'humilité de Téo, grand photographe lui aussi depuis 4 générations. En fin d'entretien, il nous a révélé qu'un projet était en cours pour travailler en collaboration avec Sebastiao Salgado.

Qosqo Maki est une institution qui encadre des enfants de la rue de 7 à 18 ans. (http://www.qosqomaki.org/) Ils travaillent comme cireurs de chaussures, vendeurs de cartes postales ou de caramels, assistants dans les bus, etc. En plus de veiller au respect des droits des enfants travailleurs, l'association leur sert de maison d'accueil pour passer les nuits et leur propose des ateliers créatifs tels que le théatre, la danse, des cours d'anglais. Qosqo Maki exige que les jeunes s'approprient un certain nombres de règles de vie afin de les amener à réfléchir au respect de l'Autre à travers le respect d'eux-mêmes. L'association les soutient également dans la reconnaissance de leurs identités multiples. La plupart sont d'origine quechua et renient leur culture en s'inventant un nom espagnol.

Depuis peu, l'Académie de langue quechua a été reconnue officiellement au Pérou. La langue, elle, jouait déjà de cette reconnaissance depuis plus longtemps. Cette institution veille à la promotion de la langue ainsi que de la culture quechua. Les professeur-es sont très enthousiastes et partagent leur connaissance avec beaucoup de motivation. Aujourd'hui, la langue est apprise par des Cuzqueños qui désirent découvrir une partie de la culture qui leur échappe. Le Quechua est également enseigné dans différents pays d'Amérique Latine et d'Europe. Au-delà des frontières, cette langue chargée d'histoire n'a pas fini de nous étonner!