Après une journée passée à flâner dans le centre de Córdoba, deuxième ville du pays après Buenos Aires, nous sommes entrés dans le "Cabildo" pour voir une exposition sur Frida Khalo, intitulée "
Desde mi cama". Arrivés dans l'expo, un lit trône au milieu de la pièce, et des dizaines de mails sont accrochés aux murs. Notre première réaction, "
c'est tout?" mettra un peu de temps à se transformer. Nous commençons par lire les mails, des commentaires d'anonymes envoyés du Mexique, du Japon, et d'Argentine bien sûr ... Les mails sont intercalés par des citations en encre rouge de l'artiste mexicaine.
Surviennent alors à l'improviste un homme et une femme, qui se présentent à nous comme les organisateurs de l'expo et nous convient à leur poser toutes les questions qui nous passent par la tête. Ce que nous faisons sans tarder, et plus la discussion avance, plus le projet que Karina, Alejandra et Rubén ont monté nous semble intéressant.

Tellement intéressant que nous leur donnons rendez-vous quelques heures plus tard, le temps d'aller chercher mini-disc et micro pour enregistrer une interview. A 20h15, ils sont trois à nous recevoir, toujours au Cabildo, centre chargé d'Histoire(s). Karina nous explique qu'ils n'ont pas choisi ce lieu par hasard, et ce pour différentes raisons. Il est situé en plein milieu de la place San Martin, "La" place de Cordoba, très populaire, accessible facilement pour ceux qui ne se déplaceraient pas loin pour visiter une exposition artistique. C'est d'ailleurs ce que nos trois compagnons recherchent avec cette hommage au 100ème anniversaire de la naissance de Frida et à l'art tout simplement. Ils espèrent ainsi étendre leur passion aux gens qui ne font pas déjà partie du milieu artistique et ce dès le plus jeune âge.
"Pour que prendre le temps de visiter une expo ou un musée devienne plus commun."Pour démarrer leur projet, ils ont envoyé un mail commun à toutes leurs connaissances leur posant une question simple :"
Que vous évoque Frida Khalo?" sans trop savoir qui allait mordre à l'hameçon. Ils reçoivent alors des centaines de mails où chacun envoie ses impressions, le peu ou plus qu'il sait et qu'il a envie de partager sur cette femme passionnée, qui a passé une grande partie de sa vie au lit, en raison de ses problèmes physiques. Commence alors la mise sur pied de l'expo qui se veut itinérante et qui, sans ces nombreux mails ne pourrait exister. En effet, l'objectif est de la faire tourner dans différents endroits, différents pays, s'alimentant au fil du temps par de nouveaux mails du monde entier. Le lit en bois, réalisé par Ale et Karina, artiste plasticienne et sculptrice voyagera avec les mails, si c'est possible. Sinon, elles verront bien!
L'histoire plus profonde que renferme les murs du Cabildo est pleine de ressentis et reste difficile à aborder pour certains. C'est ici que beaucoup de gens ont été séquestrés pendant la dictature, torturés et tués. Autant dire que la population qui a vécu pendant cette période a encore du mal à franchir le pas de cet édifice, devenu aujourd'hui un centre culturel. Mais, selon Karina, la volonté de l'Etat de "
culturiser" ces lieux maudits provient d'une démarche positive, sans pour autant effacer le passé, au contraire.
Leur exposition se veut elle aussi porteuse d'un élan de positivisme, comparant la destinée difficile de Frida à celle de l'Argentine, souvent prise dans des tourbillons d'épreuves imprévues, et qui réussit, malgré tout, à s'en sortir grâce à son esprit d'adaptation et de débrouillardise.
Si vous voulez faire partie de l'expo en envoyant vos commentaires sur ce que vous connaissez de Frida Khalo, et que votre mail voyage avec elle, voici l'adresse:
dadoalgato@yahoo.es